Le musée Jeanne Devos
Le carnaval n’était pas le thème favori de la photographe Jeanne Devos. Grâce au Centre Iconographique de la Flandre, nous avons cependant déniché quelques clichés et des films amateurs, extraordinaires témoignages du carnaval autrefois.
Les seules photographies de carnaval dont nous disposons sont celles d’un reportage sur le cortège carnavalesque de 1955 qui se déroulait lors des festivités communales de juillet à Wormhout
Jean-Pierre Grassien
Cela peut sembler étonnant, mais celle qui a immortalisé tant d’événements de la vie flamande durant 40 ans n’était pas férue de carnaval sans doute parce que les gens étaient masqués. “Les seules photographies de carnaval dont nous disposons sont celles d’un reportage sur le cortège carnavalesque de 1955 qui se déroulait lors des festivités communales de juillet à Wormhout, commente Jean-Pierre Grassien, administrateur du Comité Flamand de France et bénévole de l’Association des Amis du Musée Jeanne Devos. Elles n’ont jamais été diffusées. Une seule a été reproduite dans le jardin du musée. Mademoiselle aimait photographier les gens dans la vie, soit au travail, soit chez eux ou dans les fêtes familiales (communions et mariages). On retrouve bien sûr dans ses clichés des fêtes avec des archers, des cyclistes, du football, mais ce n’était pas ce qu’elle préférait”, poursuit Jean-Pierre Grassien.
Sur les 80 000 photos prises par Jeanne Devos, seulement 26 000 ont été numérisées. La collection est conservée au Centre iconographique de la Flandre, situé à la médiathèque de Wormhout. Pour Muzea, ces photographies de carnaval sont donc diffusées pour la première fois.
Images des années 50
Que nous racontent ces photographies prises par Jeanne Devos en 1955 ? Elles nous montrent une procession de chars, tirés par des tracteurs, dans un village bien paisible. Les thèmes sont typiques de l’époque entre activités locales et caricatures de l’actualité. Une apologie de la figure maternelle, de la Paix ou de la République, une reconstitution de la Conférence de Genève (1954), les fêtes de la Moisson, le char d’une association sportive ou des saynètes exotiques : on est loin de la fête carnavalesque qui se développera quelques décennies plus tard. “Il y avait bien une tradition carnavalesque à Wormhout mais le véritable carnaval d’hiver, avec la bande, la musique, a débuté progressivement en 1970 avec la « bande des mitrons » créée par les Buckenaeres. Beaucoup de Wormhoutois travaillaient à Dunkerque, et ont ramené, je pense, l’envie de faire la bande », témoigne Jean-Pierre Grassien.
Carnaval de Wormhout 1955©Jeanne Devos, Centre Iconographique de la Flandre
Carnavals ressuscités
Cet esprit de la bande saute aux yeux dans un extrait de films d’amateurs réalisés entre les années 76 et 80. Il fait partie de quelques “pépites” récoltées par les bénévoles de l’Association des Amis du Musée Jeanne Devos et par le Comité Flamand de France pour le Centre iconographique de la Flandre. Des bénévoles visionnent et trient ces images du passé. Elles sont ensuite numérisées par l’Association Archipop. “Nous avons collecté de nombreux films familiaux de passionnés par le cinéma. Ce sont des petits films familiaux de 3 à 20 minutes. Nous avons une centaine d’heures de films à exploiter dans le but de créer un catalogue numérique.”
Les séquences seront diffusées dans la salle de projection dans l’ancien atelier de Jeanne Devos. Parmi ces trésors, toute une série sur les carnavals a été découverte. “Il s’agit du carnaval de Wormhout entre les années 70 et 80, de festivités carnavalesques ailleurs en Flandre avec parfois des témoignages exceptionnels comme le carnaval de Cassel à la Libération en 1946”, explique Jean-Pierre Grassien. Sur les images, les sourires, la joie, les détails des costumes et des masques, les géants, l’architecture et les rues autrefois : tout nous ramène à nos origines, à nos traditions, à ce socle commun de la fête flamande qui perdure aujourd’hui.