La Flandre sous la botte allemande
Depuis le 3 septembre 1939, c’est la guerre entre la France et le Royaume-Uni d’une part, et l’Allemagne nazie d’autre part. Jusqu’au 10 mai, il y a peu d’affrontements directs entre les forces alliées et allemandes. Cette “drôle de guerre” prend fin avec l’invasion allemande et l’attaque déclenchée dans un déluge de feu et sous le piqué des stukas1. Nous sommes le 10 mai 40, et Hitler lance tous ses moyens contre les Pays-Bas, la Belgique et la France.
Les divisions blindées allemandes prennent les alliés à revers en passant par les Ardennes. Au soir du 20 mai, la nasse se referme sur les alliés qui doivent évacuer par le port de Dunkerque. Cela représente 400 000 soldats britanniques et français. Quelques régiments et bataillons français et britanniques (Ecossais et Gallois) doivent retenir les Allemands coûte que coûte, au moins 48 heures.
Des combats de retardement décisifs vont avoir lieu à Wormhout, Esquelbecq et Ledringhem. C’est dans ce cadre qu’aura lieu le massacre de la Plaine aux Bois à Esquelbecq.
“La Flandre devient une minuscule île dans un océan de Wehrmacht.”
Jean-Pierre Grassien
Du côté des civils, la peur et l’angoisse envahissent les populations. “Les boches sont là!”. La population flamande voit affluer une foule de réfugiés venus de Belgique et de Dunkerque. C’est l’exode avec ses images de destructions massives de paysans poussant devant eux bêtes et chariots de voitures abandonnées dans les fossés ou en feu sous les bombardements.
Du 25 au 29 mai, la Flandre connaît une semaine de combats intenses. On se bat à Cassel, à Wormhout, à Esquelbecq et à Ledringhem. Résistance héroïque et désespérée qui permettra de sauver plus de 300 000 soldats dont 120 000 français.
La capitulation et la signature de l’armistice avec l’Allemagne nazie le 22 juin 1940 démarre une longue période d’occupation et de résistance très difficile pour les civils et qui a laissé de multiples traces et souvenirs dans de nombreuses familles en Flandre. La libération, à partir de septembre 1944 met un terme à cette période noire de l’histoire régionale.
Témoignage / Jean-Pierre Grassien
- Stuka est l’abréviation du mot allemand « Sturzkampfflugzeug » — composé de trois mots : Sturz (« chute »), Kampf (« combat ») et Flugzeug (« avion ») — soit en français « avion de combat en piqué » ou « bombardier en piqué » ↩︎