C’est un “Oradour-sur-Glane” militaire qui est longtemps resté dans l’oubli. Les premiers crimes nazis ont eu lieu en Flandre. A Esquelbecq, le massacre de la Plaine aux Bois du 28 mai 1940 est l’une de ces histoires tragiques que l’on a longtemps voulu oublier et qui a été exhumée grâce aux recherches d’un passionné, Guy Rommelaere. Un musée au premier étage de la Maison du Westhoek et un site de mémoire témoignent aujourd’hui de cette page d’histoire tragique de la Seconde Guerre mondiale.
Le 28 mai 1940, le général SS Sepp Dietrich (à droite) et un officier des panzers arrivent de bon matin au château d’Esquelbecq pour lancer la bataille de Wormhout. Il est le responsable du massacre d’Esquelbecq.
Que s’est-il passé le 28 mai 1940 ?
Des bataillons de soldats britanniques avaient été disposés dans le secteur d’Esquelbecq et de la Plaine aux Bois avec pour mission de contenir l’avancée des troupes allemandes, bataillons parmi lesquels le Cheshire régiment, le Royal Warwickshire régiment et à la Royal Artillery.
Le matin du 28 mai, l’assaut contre Wormhout démarre. Les Nazis investissent le château d’Esquelbecq. Il s’agit de la Leibstandarte, le régiment de la garde personnelle d’Hitler, environ 3000 SS, une troupe d’élite, qui se retrouve face à une résistance héroïque.
Une résistance inattendue
“Les SS ont eu ⅓ de leurs pertes à l’ouest en 1940, raconte Guy. Le général SS Joseph Dietrich avait 48ans ce jour-là. Voyant que ses troupes étaient bloquées à Esquelbecq pour aller vers Wormhout, il tombe sur un barrage britannique et il sera obligé de se cacher dans un fossé pendant quelques heures… Habitués aux victoires faciles, les nazis n’apprécient pas du tout cette situation”. Mais la force blindée allemande finit par l’emporter. Après des heures de combats héroïques, connus sous le nom de « La bataille de Wormhout», les soldats anglais, écossais et gallois durent se rendre à l’ennemi et de nombreux soldats sont capturés.
Histoires extraordinaires
Le seul Français du massacre : Robert Joseph Maurice Cornil VANPEE. Ce fermier de West-Cappel et soldat français avait la charge d’un dépôt dans une ferme d’Esquelbecq. Il fut fait prisonnier par les S.S. et emmené à la Plaine au Bois où il fut exécuté avec les prisonniers britanniques. Exhumé comme soldat français inconnu en 1941 (les SS arrachaient les plaques militaires de leurs victimes), sa tombe ne fut érigée au cimetière britannique d’Esquelbecq qu’en 1998 grâce aux démarches de Guy Rommelaere, sollicité par le fils du soldat. “C’était le début de mes recherches” témoigne t-il.
Le miraculé qui repose à jamais à La Plaine aux Bois
Albert EVANS. Âgé de 19 ans, il faisait partie du 2ème bataillon du Royal Warwickshire en mai 1940.
Il est fait prisonnier près de la rivière Peene Becque à Wormhout et emmené à la Plaine aux Bois.
Blessé au bras par un éclat de grenade, il dut la vie sauve grâce à son capitaine Lynn Allen avec qui il se réfugia dans une mare où son capitaine est tué. Citoyen d’honneur de la ville d’Esquelbecq, marqué toute sa vie par cette histoire, il a choisi que ses cendres soient inhumées près de la mare, où une stèle honore sa mémoire.
La naissance d’un site de mémoire
En 1973, des vétérans britanniques ayant combattu dans les villages avoisinants, retrouvèrent le site et y déposent des croix. La grange fut reconstruite et inaugurée en 2001 (voir + haut), en présence de deux survivants du massacre dont Albert Evans.
Les 80 hêtres pourpres représentant les victimes et les 40 chênes ont été offerts par les anciens combattants de Birmingham. Au sommet du promontoire, une table d’orientation présente les positions britanniques et les mouvements des troupes nazies. Une stèle de la paix et de l’amitié a été édifiée à la mémoire des combattants tombés durant la Seconde Guerre mondiale dans cette partie de la Flandre et inaugurée lors du 70ème anniversaire de l’opération Dynamo. Des descendants viennent régulièrement se recueillir sur le site.
En 1946, une Commission d’enquête britannique relève toutes les mesures de la grange. Ce qui a permis de la reconstruire à l’identique.
Sources iconographiques : “Mai 1940, Esquelbecq, Worhmout, Ledringhem, Le Massacre oublié” de Guy Rommelaere.