La Résistance

1944-Canon vu de la rue de l’Industrie – Heyte ©NF

Lutter contre l’oppression

L’occupation allemande a été extrêmement oppressive dans le nord de la France. Annexé à la Belgique et déclaré zone interdite, le nord a résisté très tôt avec peu de maquis, mais une multitude de réseaux très actifs et de nombreux journaux clandestins, comme La Voix du Nord. La moitié des attentats et des sabotages commis en France ont eu lieu dans le Nord-Pas de Calais. Plus de 1 000 otages et résistants dans les fossés d’Arras et de Lille ont été fusillés, et 5 000 déportés.
Des hommes et des femmes trouvent la volonté de lutter contre l’oppression nazie et la région de Vichy. Les premiers actes de résistance consistent à aider l’évasion des soldats français et anglais ayant échappé à la capture du printemps 1940 et à éditer des journaux clandestins.

Dès 1941, des réseaux de résistance se rattachent aux grands réseaux belges, britanniques et français libres, qui pratiquent le renseignement et prennent en charge les pilotes abattus. Des mouvements de résistance plus nombreux recrutent dans toutes les familles politiques et dans toutes les classes sociales.
Parmi de nombreux mouvements locaux certains s’implantent durablement : le service de renseignements Zéro France, La Voix du Nord né autour d’un journal clandestin bien informé et qui s’élève au-dessus des querelles idéologiques et l’OCM, Organisation Civile et Militaire qui assure les liaisons avec Londres. La répression est sauvage, les prisons sont pleines et la torture systématique.
La résistance nordiste réalise son unité en novembre 1943. Plusieurs réseaux et mouvements sont décimés par les polices SS. Dès le débarquement en Normandie le 6 juin 1944, la résistance entre encore plus en action et multiplie les actions de sabotage des voies de communication, des routes et des ponts, comme à Nieppe. Avec l’aide des résistants et des FFI, la région est libérée en 5 jours seulement par des troupes américaines, britanniques, canadiennes et polonaises.

La Voix du Nord : de l’ombre à la lumière

Le 1er avril 1941 naissait La Voix du Nord, un journal clandestin créé pour porter la voix de la résistance. Il paraît au grand jour lors de la libération, le 5 septembre 1944, il y a tout juste 80 ans.
« En France, aucune presse, aucune radio, aucun homme ne peut parler librement un langage français. Les seules voix françaises nous viennent par la radio de Londres, avec elles, nous sommes d’accord et nous pensons “ON NE TRANSIGE PAS AVEC LE DEVOIR ET AVEC L’HONNEUR, ON NE PACTISE PAS AVEC LE MAL, ON NE COLLABORE PAS AVEC L’ENNEMI.”
Tel est ainsi écrit l’édito du tout premier numéro de La Voix du Nord, une édition précoce parmi les journaux de la résistance, qui furent nombreux à être publiés sous le manteau durant la Seconde Guerre mondiale. Le premier numéro est réalisé à Lille, et les autres aux alentours à Hellemmes, Lezennes, Loos, Saint-Amand, La Bassée, Laventie…

Les créateurs de La Voix du Nord

©La Voix du Nord

Ils s’appellent Jules Noutour (1897 – 1945) et Natalis Dumez (1890-1976). Le premier est un brigadier de police, syndicaliste et socialiste, le deuxième a été le secrétaire de l’abbé Lemire et maire de Bailleul de 1919 à 1928. Ils soutiennent le Général de Gaulle et les Français libres qu’ils reconnaissent “comme parlant seuls au nom de la France” et s’opposent au gouvernement de Vichy.
Jules Noutour rédige plus de 400 articles pour les 39 premiers numéros. Natalis Dumez doit se cacher dès octobre 41. Il est capturé en 1942 par les Allemands et est fait prisonnier. Il reviendra vivant de déportation. Jules Noutour est pris en septembre 1943 et meurt en déportation en 1945.
La Voix du Nord jusqu’en septembre 1944, c’est 66 numéros, entre 4000 exemplaires et 15 000 exemplaires par édition et 1 exemplaire toutes les 2 semaines. Au-delà du journal, La Voix du Nord est une véritable force militante, qui renseigne, recherche des terrains de parachutage, répartit les armes, sabote et aide les aviateurs et les familles de déportés et de fusillés.

A Nieppe, un maire résistant : Jules Houcke

Maire de Nieppe depuis juillet 1939, Jules Houcke, durant tout le temps de l’Occupation, ne consent jamais à suspendre son action et entretient des liens assez étroits avec les résistants d’un “Groupe de Nieppe” qui s’organisent autour de La Voix du Nord clandestine. Il aide des jeunes à échapper au STO, il fournit des faux papiers et des cartes d’alimentation. Il reprend La Voix du Nord dans la clandestinité après l’arrestation de Natalis Dumez et Jules Noutour en 1943. C’est à lui que revient le rôle de publier les deux derniers numéros clandestins, en juillet et août 1944.

De Gaulle et Houcke lors de l’inauguration du mémorial en 1951 ©coll. J.Poissonnier

1944 « Ils reviennent ! », à Nieppe, le massacre de F.F.I et d’otages


Début septembre 1944, les armées alliées progressent. Les soldats allemands sont harcelés par la Résistance. A Nieppe, les ordres sont clairs pour les F.F.I (Forces Françaises de l’Intérieur) : il faut tenir les ponts (pont sur la Lys et pont de chemin de fer). Les escarmouches commencent les 1er et 2 septembre : de sérieux combats ont lieu les 3 et 4 septembre et les résistants nieppois capturent une centaine de prisonniers qu’ils détiennent dans la cour de l’école Saint-Charles. Ceux-ci seront libérés par des renforts allemands qui déciment la Résistance. Des otages seront détenus au café Au Pigeon voyageur et la plupart d’entre eux seront abattus au bord de la Lys, le mardi 5 septembre au matin.

Un Mémorial inauguré par le Général de Gaulle en 1951 honore la mémoire de ces 18 otages et 20 F.F.I à Nieppe.
De nombreuses photos et documents racontent cet
épisode dans le musée d’Histoire locale de Nieppe.