Au Musée Benoît de Puydt à Bailleul
Le musée Benoît de Puydt à Bailleul conserve de beaux exemples de kermesses flamandes. Ces grandes festivités, ancêtres des ducasses, nous ramènent au temps où ces moments de communion et de joie de vivre étaient parfois les seuls exutoires dans un quotidien difficile.
C’est une scène flamande dont on ne se lasse pas. Des paysans dansent et boivent au son de la cornemuse. Un peu plus loin, c’est la bagarre à la porte de l’auberge où est suspendue, peut-être, la bannière en l’honneur d’un saint patron. A l’arrière-plan, certains s’adonnent au tir à l’arc vertical devant ce qui pourrait être, en effet, l’ancien beffroi de Bailleul, juste à côté d’une église. Cette Kermesse flamande ou Place de Bailleul vers 1620, attribuée à Jacob Savery II, dit le jeune, est visible au rez-de-chaussée du musée. “Elle a été acquise en 1931, grâce aux dommages de guerre. Le musée a en effet perdu 90% de ses collections pendant la Première Guerre mondiale, explique Chloé Jacqmart, chargée des publics du musée Benoît de Puydt. Nous avons très peu d’œuvres en lien direct avec le carnaval bailleulois. Mais on retrouve dans cette peinture les poncifs communs de la fête flamande et du carnaval qui arrivera plus tardivement : le rassemblement, la danse, le travestissement”, confirme Chloé Jacqmart.
David Téniers (d’après) et Jacques-Philippe Le Bas (graveur), Ière fête et IIème fête famande, Paris, 18e siècle, gravure sur cuivre impression sur papier, Inv.: 992.8.135 /Inv.: 992.8.136
Une grande fête populaire
Quelle est l’origine des kermesses appelées également ducasses ? Bien avant que Bruegel l’Ancien s’empare picturalement du thème et le popularise, elles apparaissent en Flandre dès le début du 16e siècle. “Il s’agissait d’une fête annuelle où avaient lieu des processions et des mascarades, explique l’historien Jacques Messiant. C’est le jour du saint tutélaire de la principale église. Ce mot est une contraction de kerk (église) et mis (messe).” D’un peintre flamand à l’autre, et sur tant de gravures, les scènes sont toujours les mêmes et montrent ces temps d’exutoire souvent synonymes de débordements.
Le musée Benoît de Puydt conserve deux gravures de Jacques-Philippe Le Bas, datant du 18e siècle et d’après David Teniers, baptisées Ière fête flamande et IIème fête flamande. On y retrouve avec une débauche de détails des gens rassemblés en groupes, en immenses tablées, qui cuisinent, qui mangent, qui boivent, qui dansent, qui se courtisent, qui se battent… Ici se mélange allègrement le profane et le sacré et l’on dévore ces saynètes truculentes comme autant de petites histoires aux multiples chapitres, espiègles et amusants.